On a souvent tendance à associer inégalités femmes-hommes et « territoires fragiles », – cumulant des difficultés d’ordre social et économique, et/ou peu denses. De fait, plusieurs études ont montré que les inégalités entre les femmes et les hommes étaient majorées dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) mais également dans les territoires ruraux.
D’un côté, les QPV sont marqués par un taux d’activité des femmes particulièrement faible (51 % en 2019, contre 69 % pour les femmes hors QPV) tandis que les femmes des territoires ruraux sont plus souvent concernées par des contrats précaires et bénéficient d’une offre d’emploi moins diversifiée et moins mixte du point de vue du genre1.
La géographie des inégalités de salaires entre les femmes et les hommes met en évidence une géographie très différente : c’est en effet dans les territoires ruraux et les départements qui comptent la plus forte proportion de résidents en QPV que les écarts de salaires net horaire moyen sont les plus faibles. La Seine-Saint-Denis détient ainsi la palme du département avec les plus faibles écarts de salaires entre les femmes et les hommes : avec un écart de seulement 1,7 % (contre 15,3 % à l’échelle nationale) entre les femmes et les hommes, le département de France métropolitaine avec la plus forte proportion de résidents en quartier prioritaire (38 %) peut s’enorgueillir d’une situation de quasi-égalité salariale. L’arrondissement de Saint-Denis, dont le périmètre correspond à celui de l’EPT « Plaine commune » et qui compte 66 % de résidents en QPV enregistre même un écart de 0,4 %… en faveur des femmes.
De l’autre côté du prisme, les départements qui concentrent les personnes avec un niveau de vie parmi les plus élevés se positionnent bien souvent en tête du classement des territoires avec les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes les plus élevées : Paris figure ainsi en 3e position de ce classement (20,8 % d’écart), juste après les Yvelines (22,2 %) et le territoire de Belfort (21,8 %). Les arrondissements de Saint-Germain-en-Laye, Rambouillet, Versailles (tous trois situés dans les Yvelines) ou encore d’Aix-en-Provence connaissent tous des écarts supérieurs à 23 %. La plupart des arrondissements frontaliers du Luxembourg et de la Suisse - également marqués par des inégalités de revenus très marquées tous sexes confondus -, se distinguent également par des écarts de rémunération très importants en défaveur des femmes.