Paris est la ville qui a connu le gain de population le plus important au cours du XIXe siècle. Entre 1800 et 1901, sa population a été multipliée par plus de quatre, principalement du fait de la centralisation des activités économiques et des institutions politiques. En 1800, Paris comptait 559 000 habitants ; un demi-siècle plus tard, en 1851, sa population avait doublé avec 1,2 million d’habitants. À partir de cette date, la population parisienne connaît une hausse soutenue et continue jusqu’à atteindre 2,2 millions d’habitants en 1881. Les travaux haussmanniens, entrepris sous Napoléon III à partir de 1853, ont contribué à la croissance démographique parisienne en attirant de nouveaux habitants. De plus, en 1860, ces travaux ont repoussé les limites de la ville, faisant passer le nombre d’arrondissements à 20 au lieu de 12, et ont entraîné une augmentation soudaine de la population parisienne de l’ordre de 335 000 à 430 000 habitants, du fait de l’annexion des faubourgs1. La croissance de la ville de Paris se poursuit jusqu’en 1921, année où elle atteint son pic démographique avec 2,9 millions d’habitants, avant d’entrer dans une période de décroissance.
Les migrations internes provenant de l’ensemble de la France métropolitaine ont largement participé à l’augmentation de la population de la capitale. En 1861, 57 % des habitants de la Seine étaient nés hors de ce département, ils étaient 64 % en 1872, 62,9 % en 1881, 57,6 % en 1891 et 57,4 % en 1901. En 1911, sur 3,7 millions de personnes vivant dans le département de la Seine, plus de 2 millions étaient nées dans un autre département (soit 54,7 %). Celles-ci sont principalement originaires des deux départements limitrophes de la Seine, la Seine-et-Oise (113 000) et la Seine-et-Marne (60 000), mais également des départements du Nord (57 600), de la Nièvre (57 100) et de la Seine-Inférieure (53 600).
La concentration de la population et des activités économiques dans la capitale a fait l’objet de vives critiques, notamment après la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, dans son ouvrage Paris et le désert français, le géographe Jean-François Gravier soutient la thèse suivante « dans tous les domaines, l’agglomération parisienne s’est comportée depuis 1850 non pas comme une capitale animant l’ensemble de la nation, mais comme un groupe « monopoleur » dévorant la substance de la nation. Son action centralisatrice a multiplié les incidences techniques de la première révolution industrielle et stérilisé, parfois sciemment, la plupart des économies provinciales en les privant de leurs éléments actifs. Par force de l’habitude, la bourgeoisie parisienne en était venue à croire que le reste de la France, à quelques exceptions près, ne méritait aucun effort de mise en valeur et d’investissements » (édition de 1958)2.
1. Brée Sandra. La population de la région parisienne au XIXe siècle. In : Paris, l’inféconde : La limitation des naissances en région parisienne au XIXe siècle. Paris : Ined Éditions, 2016, pp. 59-93. Sandra Brée précise dans le premier chapitre de son ouvrage que "ce chiffre de 430 000 individus est égal à la différence entre la population estimée en 1859 et celle estimée en 1860 (Bertillon J., 1880)".
2. Page 62 ; Gravier Jean-François. Paris et le désert français. Éditions Flammarion, 1958, 317 p.