La Bourgogne-Franche-Comté, région rurale et peu dense, est l’une des régions françaises les moins dynamiques au niveau démographique à l’échelle des 30 dernières années. Sur la dernière décennie, cette région au tissu économique très industriel voit sa population stagner, voire baisser dans de nombreux territoires. C’est dans le rural autonome peu dense1, où les enjeux de centralité sont les plus importants, que la situation économique, sociale et démographique apparaît la plus difficile.
Dans ces territoires éloignés des grands pôles de la région, les petites unités urbaines concentrent l’essentiel des services, des équipements et de l’emploi. 40 unités urbaines de moins de 20 000 habitants aux destins contrastés, maillent la Bourgogne-Franche-Comté. Elles comptent 313 500 habitants en 2016. Dans 18 d’entre elles, la population a fortement baissé entre 1982 et 2016. Elles perdent près d’un quart de leur population, pour atteindre 139 700 habitants en fin de période.
Ces 18 unités urbaines sont davantage confrontées à la pauvreté en raison d’une insertion professionnelle plus difficile de leurs habitants et des revenus moins élevés, qui proviennent davantage des retraites et des prestations sociales. La pauvreté monétaire y est très implantée, en dehors des Hauts de Bienne qui bénéficient de la proximité avec la Suisse, et de ses conditions de rémunération plus avantageuses qu’en France. Dans la moitié d’entre elles, au moins une personne sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, la moyenne régionale étant de 12,8 %.
Pour l’essentiel, la baisse de population est concomitante à la baisse de l’emploi. Les unités urbaines qui perdent le plus de population sont souvent les plus industrielles, à l’image de Saint-Loup-sur-Semouse ou Gueugnon. La désindustrialisation s’est accompagnée du départ d’une partie des habitants, faute d’emplois adaptés. Ainsi, à Saint-Loup-sur-Semouse, qui en 1982 comptait trois quarts d’emplois industriels, plus de la moitié des emplois ont été étruits en 34 ans, et la population a diminué d’un tiers.
Sauf exception, ce déclin démographique s’accompagne d’un fort vieillissement. Le rapport de la population des 65 ans et plus sur celle des moins de 20 ans est passé de 40 personnes âgées pour 100 jeunes en 1982 à 130 en 2016. Dès lors, dans ces territoires, un des enjeux est de répondre aux besoins d’une population âgée, de plus en plus nombreuse et souvent isolée, en développant de nouveaux services à la personne. Ces métiers, qui nécessitent souvent peu de qualifications, peuvent en partie amortir le déclin mécanique de l’emploi présentiel lié à la baisse de la population.
Autre conséquence de la déprise démographique, la vacance des logements se développe rapidement, y compris dans le parc social, habituellement sous tension. Dans certains territoires, plus d’un logement sur cinq est inhabité. Dans ce contexte, un réel enjeu apparaît en matière de réaménagement paysager. La réhabilitation des logements vieillissants et peu adaptés pourrait générer de l’emploi dans plusieurs domaines, comme la domotique, la rénovation énergétique, ou plus largement le second oeuvre. Aussi, le resserrement de l’offre publique ou privée, en démolissant des logements vacants, permettrait de rééquilibrer les marchés du logement et d’éviter une dégradation globale du bâti tout en favorisant l’objectif gouvernemental « zéro artificialisation nette ».
1. Depuis fin 2020, les territoires ruraux désignent l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses (source : Insee, Grille communale de densité 2021. Cf. annexe, p. 120). À ce critère de densité, est associé le degré d’influence d’un pôle d’emploi au sens des déplacements domicile-travail. Le croisement « degré de densité » et « degré d’influence d’un pôle » dessine quatre catégories d’espaces ruraux, allant des communes rurales très peu denses, hors influence d’un pôle, aux communes sous forte influence d’un pôle. Le « rural autonome peu dense » recouvre les communes peu et très peu denses, hors influence d’un pôle.