Jamais inférieure à 30 %, la part des femmes dans la population active n’a cessé d’augmenter au cours du XXe siècle, contribuant à l’augmentation du nombre d’actifs pendant cette période. Entre 1968 et 1975, la croissance de la population active est alimentée aux trois quarts par les femmes, à la faveur des Trente Glorieuses, de l’avènement de la société de consommation et de la croissance de la production associée, de la tertiarisation de l’économie et du développement de l’instruction des femmes42. Jusqu’à la fin des années 1990, la part des femmes dans la population active continue d’augmenter rapidement et les femmes représentent aujourd’hui 49 % de la population active. 43 % d’entre elles sont employées (contre 14 % des hommes), et un quart d’entre elles travaille dans les secteurs du médico-social (11 %), de la santé (7 %), de l’enseignement (6 %), des services (2 %) et de l’administration (2 %). Elles sont par ailleurs 92 % à être salariées (contre 85 % des hommes)43.
Jusque dans les années 1990, c’est dans l’ouest de la France que la part des femmes dans la population active était la plus forte, principalement dans des zones d’emploi au profil agricole (comme celles d’Avranches, Vitré, Vire Normandie ou encore de la Mayenne, respectivement dans les départements de la Manche, de l’Ille-et-Vilaine, du Calvados et de la Mayenne). Certaines zones d’emploi ayant également un taux de féminisation de la population active particulièrement élevé se distinguaient soit par un profil plus industriel (comme les zones d’emploi de Fougères en Ille-et-Vilaine, de Flers dans l’Orne, d’Issoudun dans l’Indre ou encore de Roanne dans la Loire), soit par un profil tertiaire (comme dans le Bassin parisien).
Entre 1990 et aujourd’hui, les différences entre zones d’emploi en matière de féminisation de la population active se sont beaucoup résorbées45. C’est dans les Drom, en particulier aux Antilles, que s’affichent les plus forts taux de féminisation de la population active (systématiquement supérieurs à 50 %), devant celles du Bassin parisien. En revanche, le nord-est de l’Hexagone et une partie de la Corse se distinguent par une plus faible participation des femmes à la population active.
Le taux d’activité46des femmes reste néanmoins inférieur à celui des hommes de près de 6 points (71 % contre 77 %). 6,3 % des femmes âgées de 15 à 64 ans sont en effet « au foyer »47 contre seulement 0,2 % des hommes, soit 1,3 million de femmes contre 42 000 hommes. Les femmes au foyer sont proportionnellement plus nombreuses dans les pôles des grandes aires urbaines48 (6,8 % des femmes de 15 à 64 ans) et dans les communes urbaines de densité intermédiaire49 (7,1 %) que dans les communes périurbaines (5,3 %) et peu denses (5,4 %).
42. Maruani M., Meron M., « Le travail des femmes dans la France du XXe siècle », Regards croisés sur l’économie, La Découverte, 2013, p. 177 à 193.
43. Battagliola F., Histoire du travail des femmes, Collection Repères, La Découverte, 2004, 128 p.
44. Source : Insee-RP 2016.
45. Cela se traduit notamment par une réduction rapide de l’écart entre le premier décile (seuil en-dessous duquel 10 % des valeurs sont plus basses) et le neuvième décile (seuil au-dessus duquel 10 % des valeurs sont plus élevées) de l’indicateur « part des femmes dans la population active » observé au niveau des zones d’emploi (définition 2010) qui passe de 11,5 points en 1975 à 2,5 points en 2016.
46. C’est-à-dire la part des actifs (en emploi ou au chômage) rapporté à la population « en âge de travailler » (les 15-64 ans).
47. C’est-à-dire qu’elles vivent en couple et ne sont pas en recherche d’emploi.
48. Sur la base du Zonage en aires urbaines (ZAU, Insee 2010), la distinction est ici faite entre les communes des pôles des grandes aires urbaines, les communes périurbaines (couronnes des grands pôles et communes multipolarisées des grandes aires urbaines), les communes des aires urbaines moyennes et petites (pôles et couronnes) et les autres communes hors aires urbaines (autres communes multipolarisées et communes isolées hors influence des pôles).
49. Sur la base de la grille communale de densité (Insee 2019), on distingue les communes urbaines (denses et de densité intermédiaire) et les communes rurales (peu denses et très peu denses).