Une fonction, à l'ancrage territorial certain, résume bien la problématique du « plafond de verre »89 : celle de maire. En France, à l’issue du scrutin municipal de 2020 seules 20 % des élus à ce poste étaient des élues. Au total, 6 901 femmes sont parvenues au poste de maire contre 27 909 hommes90. Ce chiffre représente néanmoins une progression par rapport à 2014 où la proportion de femmes maires élues était de seulement 16 %.
Les femmes maires sont en moyenne un peu moins âgées que leurs homologues masculins avec une moyenne d’âge de 57 ans contre 59 ans pour les hommes en 2020. La part des femmes parmi les maires est d’une manière générale plus élevée dans les communes les plus peuplées (celles de plus de 100 000 habitants qui comptent 29 % de femmes maires) mais également dans les très petites communes, celles de moins de 500 habitants (21 % de femmes parmi les maires). Les communes de 3 500 à 10 000 habitants sont celles qui comptent le moins de femmes maires (17 %). Entre 2014 et 2020, le nombre de femmes maires de communes de plus de 100 000 habitants a doublé, passant de 6 à 12. C’est dans ces communes que la progression de la part des femmes parmi les maires a été la plus nette.
À l’échelle régionale, la proportion de femmes parmi les maires est minimale en Corse (12 % de femmes maires) et maximale en région Centre-Val de Loire (23 %) et en Île-de-France (22 %). Dans les départements d’outre-mer, les disparités sont légèrement plus marquées entre territoires : seules 10 % des maires élus en 2014 étaient des femmes en Martinique contre 23 % en Guyane et 22 % en Guadeloupe. Cette hiérarchie a assez peu changé entre 2014 et 2020, mais les départements de La Réunion et de la Guyane enregistrent les plus fortes progressions de femmes parmi les maires (respectivement +12,5 et + 10 points).
Dans les années 2000, la succession de lois favorables à la parité dans les conseils municipaux91 a contribué à une nette progression de la part des femmes dans ces instances. Néanmoins, ces législations ne s’appliquent pas aux têtes de liste et la part des femmes parmi les maires a progressé de façon beaucoup plus lente, traduisant plus un « relèvement » du plafond de verre qu’une disparition de celui-ci92. Dans les conseils municipaux, la proportion de femmes est par ailleurs d’autant plus forte que les responsabilités sont faibles : on compte ainsi 33 % de femmes premières adjointes, 42 % de femmes secondes adjointes et 45 % de femmes aux autres sièges93.
La très faible représentation des femmes parmi les maires de France renvoie notamment à la problématique de la moindre disponibilité horaire des femmes, qui doivent plus souvent que les hommes assumer la gestion du foyer et disposent par conséquent de moins de temps pour s’engager dans des activités associatives, militantes ou plus généralement politiques, bien souvent très chronophages94.
89. Le « plafond de verre » désigne la plus faible probabilité pour les femmes de parvenir à des postes à responsabilités ; celles-ci se heurteraient à un « plafond de verre » invisible qui les empêcheraient de monter les échelons hiérarchiques aussi facilement que les hommes.
90. Source : ministère de l’Intérieur, Répertoire national des élus (RNE), septembre 2020. Au 1er septembre 2020, les données sont manquantes pour une cinquantaine de communes, dont l’ensemble des communes de Mayotte.
91. Lois sur la parité de 2001 et 2014 qui imposent la parité dans les conseils municipaux des communes de plus de 3 500 habitants (en 2001) et de plus de 1 000 habitants (en 2014).
92. Lippmann Q., 2018, « Les politiques de quotas en faveur des femmes ont-elles brisé ou surélevé le plafond de verre ? », Revue économique, vol. 69, n°5, Presses de Sciences Po, p. 849-867.
93. Niel X., 2020, « La part des femmes dans les conseils municipaux augmente et atteint 42,4 % après les élections en 2020 », Bulletin d’information statistique de la DGCL, n°145.
94. Lescurieux M., 2019, « La représentation syndicale des femmes, de l’adhésion à la prise des responsabilités : une inclusion socialement sélective », La revue de l’Ires, n° 98, p. 59-82.