Avant-propos
La participation des femmes à la population active est aujourd'hui presque équivalente à celle des hommes (49 % de femmes contre 51 % d'hommes). Cependant, en France comme dans tous les pays européens, les conditions d’emploi des femmes sont moins favorables que celles des hommes (davantage de recours au temps partiel, une précarité de l’emploi accrue...), contribuant à expliquer un écart de rémunération qui peine à se résorber (environ 25 % de moins). En Europe, la France se distingue notamment par un taux d’activité des femmes en cohérence avec la moyenne européenne (68 %) et un poids du temps partiel féminin relativement élevé (environ une femme sur trois) et plus souvent « subi » que dans le reste du continent (environ 40 % des femmes à temps partiel le sont de façon « subie » en France). Les difficultés rencontrées par les femmes en matière d’emploi sont relativement bien connues et assez largement documentées ; elles sont en revanche rarement abordées sous un angle territorial et infranational.
Pourtant, les modalités d’accès à l’emploi des femmes varient significativement entre territoires. Celles-ci ne sont pas confrontées aux mêmes difficultés suivant les territoires où elles résident. De fait, les « freins » à l’emploi des femmes revêtent bien souvent une dimension territoriale : dans les territoires ruraux, l’organisation de l’activité économique a ainsi conduit à une structure de l’emploi majoritairement orientée vers les secteurs à dominante masculine (construction, agriculture, transports et entreposage...), tandis que l’emploi féminin est concentré dans un nombre plus réduit de secteurs d’activité (médico-social en particulier), plus souvent pourvoyeurs d’emplois précaires ou affectés par des horaires irréguliers. Dans les territoires urbains, les inégalités sociales sont plus marquées et les tensions sur le marché de l’emploi se traduisent par une plus grande probabilité pour les femmes de traverser des périodes de chômage, voire d’inactivité, malgré une offre d’emploi plus diversifiée.
Ces constats confirment la pertinence d’une approche territorialisée pour la définition de politiques publiques en faveur de l’accès à l’emploi des femmes, d’une part parce que les femmes ne sont pas confrontées aux mêmes difficultés d’emploi selon les territoires où elles résident (précarité, chômage, temps partiel…), et d’autre part parce que les freins territoriaux à l’amélioration de leur accès à l’emploi ne sont pas de même nature selon les territoires (mixité de l’offre d’emploi, accessibilité aux équipements et services…)1.
1. Pour aller plus loin : guide « Favoriser l’accès à l’emploi des femmes dans les territoires ruraux : outils et bonnes pratiques » (CGET, SDFE, DGEFP, 8 mars 2019) et application SOFIE (https://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/les-outils-interactifs/sofie) – cf. encadré méthodologique « SOFIE — un outil de diagnostic sur l’emploi des femmes au niveau des intercommunalités » dans la présente publication.