Le vieillissement de la population entraînerait une augmentation du nombre de départements portés uniquement par leur attractivité
Selon les projections de population nationales publiées par l’Insee en novembre 2021, si les tendances récentes se poursuivaient, la France devrait compter plus de 69,2 millions d’habitants en 2050 et progresser en moyenne chaque année de + 0,09 %1. Ce rythme d’évolution est cinq fois moins élevé que sur une période passée d’une durée comparable (+ 0,48 % entre 1990 et 2021). Dans cette perspective, la dynamique démographique française continuerait d’être portée à la fois par les dynamiques naturelles et migratoires jusqu’en 2035, date à laquelle le nombre de décès dépasserait celui des naissances ; le solde migratoire compenserait alors ce déficit jusqu’en 2044, où la population française commencerait à décroître.
Au moment où paraît cette publication, l’Insee n’a pas encore diffusé les résultats actualisés des projections démographiques 2021-2070 aux échelons départementaux et régionaux.
La suite de l’analyse porte donc sur les résultats issus du scénario central d’un exercice de projections réalisé en 2017, et ne tient pas compte des récentes inflexions des dynamiques démographiques, notamment la baisse de la fécondité et le ralentissement des gains d’espérance de vie. Elle donne des résultats globalement plus optimistes que ne le seront les projections prochainement publiées.
En métropole, la population augmenterait à l'horizon 2050 dans l’ensemble des régions2. La Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie passeraient devant les Hauts-de-France au classement des régions les plus peuplées, après l’Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes.
L’échelon régional a cependant tendance à gommer des situations plus contrastées et visibles à l’échelle départementale. À cette échelle géographique, la population diminuerait dans 16 territoires3, principalement situés dans le quart nord-est du pays – tout particulièrement dans le Grand-Est (Moselle, Vosges, Haute-Marne, Meuse, Ardennes), ainsi que sur un axe horizontal du centre de la France, reliant la Saône-et-Loire à l’Indre, en passant par la Nièvre et le Cher.
Les espaces du littoral atlantique jusqu’aux territoires frontaliers de la Suisse en passant par le sud méditerranéen continueraient d’enregistrer les augmentations de population les plus importantes.
Conjugué à une hypothèse de stabilité de la fécondité4, le vieillissement structurel de la population (entraîné notamment par le vieillissement des générations du baby-boom) se poursuivrait.
Dans les départements situés dans le sud-ouest du pays, la part de personnes âgées de 65 ans ou plus serait particulièrement importante en 20505, entraînant un fort excédent des décès sur les naissances et laissant la croissance démographique portée uniquement par un excédent migratoire. Entre 2013 et 2050, sur l’ensemble du territoire national, 37 départements auraient une croissance démographique reposant uniquement sur leur attractivité, contre 21 départements sur une période passée de temporalité comparable (1975 à 2013).
A l’inverse, l’Île-de-France et l’ancienne région Nord-Pas-de-Calais, caractérisées par la jeunesse de leur population et une fécondité élevée, verraient leur population progresser grâce à un solde naturel qui compenserait leur déficit migratoire.
Les espaces en croissance totale seraient quant à eux de moins en moins nombreux (30 départements concernés sur la période 2013-2050) au regard des évolutions passées (43 en moyenne entre 1975 et 2013), et se concentreraient de plus en plus, à la fois autour des métropoles, le Nord-Ouest (Pays de la Loire, Normandie), l’ancienne région Alsace et les départements longeant la vallée du Rhône, tout particulièrement dans l’ancienne région Rhône-Alpes.
En Martinique, le vieillissement de la population accentuerait la déprise démographique
Dans les Drom, l’opposition des dynamiques entre les Antilles et les autres territoires ultramarins continuerait de se creuser. Les populations de la Guadeloupe et de la Martinique diminueraient en moyenne chaque année respectivement de -0,53 % et -0,84 % entre 2013 et 2050. Elles poursuivraient ainsi une phase de décroissance déjà entamée aujourd’hui, et liée en très grande partie à un solde migratoire négatif. Dans le cas de la Martinique, cette déprise est accentuée par un déficit naturel à venir.
En effet, le vieillissement de la population à l’horizon 2050 y serait le plus marqué de l’ensemble du territoire national6 avec plus de quatre Martiniquais sur dix (42,3 %) âgés de 65 ans ou plus, contre 17,0 % en 2013.
À l’instar d’une dynamique apparue au milieu des années 2000, les autres territoires ultramarins verraient leur progression démographique freinée par un fort déficit migratoire, mais maintenue par les niveaux d’accroissements naturels parmi les plus élevés de France pour les prochaines années, particulièrement en Guyane et à Mayotte, mais également à La Réunion.
Bien que le vieillissement s’accélère également dans ces territoires, l’hypothèse d’un maintien d’une fécondité élevée permettrait de pallier le nombre potentiellement important de décès à venir.
1. Source : Insee, modèle Omphale 2021, scénario central.
2. Desrivierre David. D’ici 2050, la population augmenterait dans toutes les régions de métropole. In : Insee Première. 2017, n° 1652, 4 p.
3. Contre 14, sur une période passée de durée comparable (1975-2013).
4. Les hypothèses posées sur l’évolution de la fécondité sont particulièrement structurantes dans les résultats des projections démographiques de la France. En effet, comme le montrent Blanpain et Buisson, si l’hypothèse de fécondité du scénario central était revue à la hausse (passant de 1,95 enfant par femme en moyenne à 2,1), la progression totale de la population serait plus importante qu’en faisant jouer les hypothèses hautes de migrations ou d’espérance de vie (Blanpain Nathalie, Buisson Guillemette. Projections de population à l’horizon 2070. Deux fois plus de personnes de 75 ans ou plus qu’en 2013, In : Insee Première. Novembre 2016, n° 1619, 4 p.).
5. Parmi les 18 départements qui compteraient une proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus supérieure à 35 % en 2050, la moitié se situe dans les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.
6. Blanpain Nathalie, Buisson Guillemette. Projections de population à l’horizon 2070. Deux fois plus de personnes de 75 ans ou plus qu’en 2013, In : Insee Première. Novembre 2016, n° 1619, 4 p.